Une journée avec le travoprost : ce que vivent les patients traités pour le glaucome
Vous ne voyez pas la pression dans vos yeux. Elle ne vous fait pas mal. Elle ne vous donne pas mal à la tête. Pourtant, elle ronge lentement votre vision, jour après jour. C’est ça, le glaucome. Et pour des milliers de personnes, le travoprost est la seule chose qui ralentit cette perte silencieuse. Voici ce que signifie vraiment prendre du travoprost chaque jour.
Le réveil : une routine qui ne se négocie pas
À 7 heures pile, la gouttière en plastique sort du tiroir de la salle de bains. Elle est petite, transparente, avec un capuchon bleu. À côté, un petit carnet où est noté : « 7h, œil gauche ». Ce n’est pas un rappel. C’est une règle de survie.
Le travoprost ne fonctionne pas comme un analgésique. Il ne soulage pas une douleur. Il empêche une catastrophe. Chaque goutte réduit la pression à l’intérieur de l’œil en augmentant l’écoulement du liquide aqueux. Sans ça, les fibres du nerf optique meurent. Lentement. Inexorablement. Et une fois perdues, elles ne reviennent pas.
On ne prend pas du travoprost parce qu’on a envie. On le prend parce qu’on a appris, après un examen de fond d’œil et une tonométrie, que la pression était à 28 mmHg. La norme, c’est 10 à 21. À 28, c’est un signal d’alerte rouge.
Le matin : la goutte et le rituel
Avant de se maquiller, de s’habiller, de boire son café, la goutte vient en premier. On penche la tête en arrière. On tire doucement la paupière inférieure. On laisse tomber une goutte. On ferme les yeux. On appuie sur le coin interne de la paupière - le point lacrymal - pendant 30 secondes. Pourquoi ? Pour éviter que le médicament ne coule dans le nez et ne soit absorbé par le corps. Plus il reste dans l’œil, plus il agit.
Il y a un léger picotement. Pas douloureux, mais assez fort pour rappeler que quelque chose est en train de se passer. Parfois, les yeux deviennent rouges. Parfois, les cils s’allongent. Ce n’est pas un effet secondaire mineur. C’est un changement physique visible. Certains patients le trouvent gênant. D’autres, comme une femme de 68 ans à Lyon, le prennent comme un signe : « C’est la preuve que ça marche. »
Le travoprost contient du travoprost, un analogue de la prostaglandine. C’est un médicament de deuxième ligne, souvent prescrit quand les bêta-bloquants comme le timolol ne suffisent plus. Il est plus efficace pour réduire la pression intraoculaire - en moyenne de 25 à 33 % - et il ne provoque pas de ralentissement du pouls ni de fatigue, comme certains autres traitements.
Le travail : l’oubli, c’est le danger
À 10h30, une réunion. À 14h, un appel urgent. À 16h, un déjeuner avec un ami. La journée file. Et si vous oubliez la goutte ?
Si vous manquez une dose, vous ne sautez pas la suivante. Vous la prenez dès que vous vous en souvenez. Mais si c’est presque l’heure de la prochaine, vous la sautez. Pas de double dose. Jamais. Le corps n’a pas besoin de plus. Il a besoin de régularité.
Une étude publiée en 2023 dans le Journal of Glaucoma a montré que les patients qui prenaient leur travoprost à plus de 90 % des jours avaient une progression du glaucome 4 fois plus lente que ceux qui manquaient plus de deux doses par semaine. Ce n’est pas une question de discipline. C’est une question de nerf optique.
Beaucoup utilisent des alarmes sur leur téléphone. D’autres, des boîtes à pilules avec des compartiments horaires. Une femme de 72 ans, qui a perdu sa vue partielle dans l’œil droit, a maintenant une gouttière avec un petit chronomètre intégré. Elle l’appelle « mon petit gardien ».
L’après-midi : les effets secondaires, invisibles mais réels
Le travoprost n’est pas parfait. Il peut causer des changements dans la couleur de l’iris. Chez les personnes aux yeux marron clair, la pigmentation peut s’assombrir - un changement permanent. Ce n’est pas dangereux, mais ça peut être psychologiquement difficile. Une femme de 55 ans m’a dit : « J’ai l’impression que mon regard n’est plus le mien. »
Les paupières peuvent devenir plus foncées. Les cils s’allongent, s’épaississent. Certains patients aiment ça. D’autres, non. Il n’y a pas de bonne réponse. C’est juste un prix à payer pour préserver la vue.
Le travoprost peut aussi causer une sécheresse oculaire. Beaucoup combattent ça avec des larmes artificielles sans conservateurs. Le soir, après la goutte, ils mettent une compresse tiède. Pas pour soulager. Pour se rappeler qu’ils sont encore en vie - et que leur vision, pour l’instant, est préservée.
Le soir : la dernière goutte et l’attente
À 21 heures, la routine se répète. Même rituel. Même silence. Même espoir.
Le travoprost agit 24 heures. C’est pour ça qu’on le prend une fois par jour. Mais la pression ne baisse pas instantanément. Elle diminue progressivement. Ce n’est pas un effet magique. C’est un travail quotidien. Un engagement silencieux.
Beaucoup de patients ne voient pas de changement. Ils ne voient pas mieux. Ils ne voient pas moins. Ils voient… la même chose. Et c’est là le vrai succès. Le travoprost ne corrige pas. Il prévient. Il protège. Il ralentit.
Un patient de 63 ans, diagnostiqué il y a 7 ans, m’a dit : « Je ne vois pas la différence. Mais je sais que je ne vois pas pire. Et pour moi, c’est une victoire. »
Les alternatives : quand le travoprost ne suffit plus
Le travoprost est puissant. Mais ce n’est pas la solution pour tout le monde. Certains patients développent une résistance. D’autres ont des effets secondaires trop gênants. Alors, on passe à d’autres options.
- Latanoprost : un autre analogue de prostaglandine, souvent moins cher, mais légèrement moins efficace chez certains patients.
- Bimatoprost : il a le même effet sur les cils, mais peut être plus efficace pour les pressions très élevées.
- Combinaisons : parfois, on ajoute un bêta-bloquant comme le timolol ou un inhibiteur de la anhydrase carbonique comme l’acetazolamide en comprimés.
- Chirurgie : si les gouttes ne suffisent plus, on peut opter pour une trabéculoplastie au laser ou un drainage implanté.
Le choix dépend de la pression initiale, de la progression du nerf optique, de la tolérance aux effets secondaires, et du budget. En France, le travoprost est remboursé à 65 % par la Sécurité sociale. Ce n’est pas gratuit, mais il est accessible.
Le futur : ce qui change pour les patients
En 2025, de nouvelles formes de traitement arrivent. Des gouttes à libération prolongée. Des implants sous la paupière qui durent des mois. Des lunettes intelligentes qui mesurent la pression oculaire en temps réel.
Mais pour l’instant, le travoprost reste la pierre angulaire du traitement du glaucome. Pas parce qu’il est parfait. Mais parce qu’il est fiable. Parce qu’il a sauvé des milliers de vies visuelles. Parce qu’il permet à des gens de continuer à lire, à conduire, à voir leurs petits-enfants.
Prendre du travoprost, ce n’est pas juste une habitude médicale. C’est une forme d’amour. Pour soi. Pour les gens qu’on aime. Pour les moments à venir qu’on veut encore voir.
Le travoprost peut-il guérir le glaucome ?
Non, le travoprost ne guérit pas le glaucome. Il ne répare pas les cellules nerveuses déjà endommagées. Il agit comme un bouclier : il réduit la pression intraoculaire pour empêcher que davantage de fibres du nerf optique ne soient détruites. Le glaucome est une maladie chronique, et le travoprost est un traitement à vie pour en contrôler l’évolution.
Combien de temps faut-il pour que le travoprost commence à agir ?
Les effets commencent généralement 4 heures après l’application. Le pic d’efficacité est atteint entre 8 et 12 heures. La pression oculaire reste abaissée pendant 24 heures, ce qui justifie la prise quotidienne unique. Cependant, il faut plusieurs semaines pour observer une réduction stable et mesurable lors des contrôles médicaux.
Peut-on arrêter le travoprost si on ne ressent rien ?
Absolument pas. Le glaucome ne provoque pas de douleur ni de symptômes visibles au début. Si vous arrêtez le travoprost, la pression oculaire remonte, et la perte de vision reprend, souvent sans que vous vous en rendiez compte. La plupart des patients ne ressentent rien - c’est précisément ce qui rend la maladie si dangereuse.
Le travoprost change-t-il vraiment la couleur des yeux ?
Oui, chez certaines personnes, surtout celles aux yeux marron clair ou vert, la pigmentation de l’iris peut s’assombrir de manière permanente. Cela se produit progressivement, sur plusieurs mois ou années. Ce n’est pas un risque pour la santé, mais c’est un changement esthétique irréversible. Il est important d’en être informé avant de commencer le traitement.
Peut-on utiliser des larmes artificielles avec le travoprost ?
Oui, et c’est souvent recommandé. Le travoprost peut provoquer une sécheresse oculaire. Utilisez des larmes artificielles sans conservateurs, à au moins 10 minutes d’intervalle entre les deux produits. Cela évite de diluer le travoprost et garantit son efficacité. Privilégiez les flacons unidoses pour éviter les contaminations.
Emilie Bronsard
octobre 29, 2025 AT 19:27Je prends du travoprost depuis 5 ans. Chaque goutte, c’est un petit acte de résistance contre l’oubli.
Delphine Schaller
octobre 31, 2025 AT 07:36Vous écrivez « gouttière en plastique » - c’est incorrect. C’est une « goutte » ou un « flacon » ; « gouttière » désigne un canal d’évacuation d’eau, pas un contenant médical. Votre texte est émotionnellement touchant, mais il mériterait une relecture orthographique.
Martine Sousse
novembre 1, 2025 AT 00:49Moi aussi j’ai ce petit carnet. J’écris « œil droit » en rouge, « œil gauche » en bleu. Ça me rassure. <3
olivier bernard
novembre 2, 2025 AT 12:23C’est fou comment un médicament peut devenir une prière quotidienne. On ne le prend pas pour guérir. On le prend pour ne pas perdre ce qu’on aime déjà.
Stuart Rolland
novembre 2, 2025 AT 22:36Écoutez, je veux dire… je suis pas médecin, mais j’ai vu ma mère vivre avec ça pendant 12 ans. Elle a perdu un œil, mais elle a gardé l’autre - grâce à ce truc. Et vous savez quoi ? Elle a continué à jardiner, à lire des romans, à embrasser ses petits-enfants. Le travoprost, c’est pas juste une goutte dans l’œil. C’est une armure. Une armure invisible, mais solide. Chaque jour, elle se lève, elle prend sa goutte, elle met ses lunettes, et elle dit : « Je suis encore là. » Et ça, mes amis, c’est plus fort que n’importe quel traitement. C’est du courage pur. On parle de pression intraoculaire, mais ce qu’on oublie, c’est la pression psychologique. Le poids de savoir que si tu oublies une dose, tu pourrais ne plus voir ton fils se marier. Alors oui, les cils qui poussent, les yeux qui rougissent, les iris qui changent… c’est le prix. Et elle le paie chaque matin, avec un sourire. Parce qu’elle a appris que la vie, ce n’est pas ce qu’on voit, c’est ce qu’on continue de voir.
Lucie Depeige
novembre 4, 2025 AT 17:39Le travoprost, c’est comme un ex qui te fait du bien… même si t’as pas envie de le voir tous les jours. 😅
Vincent Shone
novembre 5, 2025 AT 17:28Je suis infirmier dans un service d’ophtalmologie depuis 15 ans. Je peux vous dire que les patients qui tiennent la route, ce sont pas ceux qui ont la meilleure vision, mais ceux qui ont le meilleur rituel. Celui qui met sa goutte en écoutant une chanson. Celui qui la prend après son thé. Celui qui la note sur son téléphone avec une alarme qui sonne comme un oiseau. Le corps oublie. L’habitude, elle, se souvient. Et c’est ça qui sauve. Le travoprost, c’est un outil. Mais la régularité, c’est le vrai médecin.
Serge Stikine
novembre 6, 2025 AT 01:26Je trouve ça pathétique que les gens acceptent de changer la couleur de leurs yeux pour « préserver » leur vue… comme si la beauté n’était pas sacrée. C’est une forme de violence chimique, masquée sous l’efficacité. Et puis, pourquoi ne pas parler des effets systémiques ? Le travoprost est absorbé par le système vasculaire. Et si ça affectait le cœur ? Personne ne le dit. Parce que les laboratoires paient les études. C’est un complot. Et vous, vous le prenez… sans poser de questions.
Gerald Severin Marthe
novembre 7, 2025 AT 15:05En Afrique, on dit : « Le silence qui tue, c’est pas le plus bruyant. » Le glaucome, c’est ça. Personne ne le voit. Personne ne le sent. Mais il détruit. Et le travoprost ? C’est la voix qui chuchote : « Tiens bon. » Pas un cri. Pas un miracle. Juste une goutte, chaque jour. Et ça, c’est de l’amour. Pas de la médecine. De l’amour en forme de plastique bleu.
demba sy
novembre 8, 2025 AT 04:12je prends pas de travoprost mais jai un cousin qui a perdu la vue et maintenant il utilise une app qui lit les textes a voix haute et il dit que ca le rend plus fort que avant. la vie est une bataille et la vue cest juste un outil
Yann Gendrot
novembre 9, 2025 AT 11:39Vous omettez complètement que le travoprost est dérivé de la prostaglandine, une molécule naturelle, mais que sa synthèse industrielle implique des solvants toxiques. La France, en tant que nation, devrait exiger des alternatives plus éthiques. Ce n’est pas juste une question de santé. C’est une question de souveraineté scientifique. Et puis, pourquoi ne pas parler du coût des larmes artificielles ? Le remboursement à 65 %, c’est une blague. Pour un retraité, c’est un budget mensuel. C’est inacceptable.
Étienne Chouard
novembre 10, 2025 AT 11:27Je vois des gens qui mettent leur goutte en regardant leur reflet dans le miroir… et je me demande : est-ce qu’ils voient vraiment leur propre regard ? Ou juste un masque de survie ? 😔
Jacqueline Pham
novembre 11, 2025 AT 09:53Je suis française, et je trouve scandaleux que ce médicament ne soit pas entièrement remboursé. En Allemagne, il l’est. En Suisse aussi. Ici, on laisse les patients choisir entre manger et voir. C’est honteux. Et vous, vous parlez de rituels, de cils, de gouttes… mais vous omettez le système. La France n’a pas de politique de santé publique pour les maladies chroniques invisibles. C’est un échec moral.
azie marie
novembre 11, 2025 AT 23:34Le travoprost n’augmente pas l’écoulement du liquide aqueux c’est faux il diminue la production par inhibition de la sécrétion ciliary. Vous avez mal lu l’étude de 2023. Et puis « œil gauche » en note c’est pas une règle de survie c’est une instruction médicale. Il faut être précis
Etienne Lamarre
novembre 12, 2025 AT 19:29Et si le glaucome n’était pas une maladie… mais une punition ? Une conséquence de notre mode de vie numérique ? Regardez les écrans. Regardez les lumières bleues. Le corps se fatigue. Les yeux s’usent. Et puis on nous donne une goutte pour ralentir la chute… mais personne ne nous dit d’arrêter de regarder. C’est un piège. Un piège doux. Une goutte pour masquer le désastre. Et vous, vous la prenez… en silence.